« Gaoulé » est un terme martiniquais, signifiant une grande rébellion.
C’est ce qui s’est passé en 1717 contre le monopole de la France qui étouffe considérablement l’économie de ses colonies – et plus particulièrement, entendons-nous bien – celle des colons.
Épuisée par les guerres incessantes entre la France et l’Angleterre, la colonie martiniquaise se relève tant bien que mal de ses souffrances engendrées par les quêtes du Roi soleil. Parallèlement, grâce à ces guerres, les colons pouvaient commercer avec les autres colonies de l’Amérique, sous forme d’interpole.
En effet, un petit retour dans le passé s’impose… Au début de l’industrie sucrière, les sucres bruts des îles étaient expédiés en France pour être raffinés, selon l’Exclusif, sorte de pacte colonial imposé par la Métropole qui garde un monopole commercial sur ses colonies. Celles-ci ne peuvent donc commercer qu’avec elle et seulement elle. De ce fait, la colonie envoie le produit semi-fini et la Métropole ajoute une plus-value en la transformant en sucre raffiné livré à la consommation française ou vendu dans toute l’Europe.
Sauf que les colons considèrent qu’ils ont le droit de bénéficier de cette plus-value (et oui !). Par conséquent, ils construisent des raffineries pour transformer le sucre brut et le revendent au plus offrants. Ce qui ne plait pas du tout à la France qui riposte avec des arrêtés pour prohiber la création de raffineries et interdit même l’envoi de sirops et de tafia sur son territoire. L’Exclusif joue à plein régime !
Pour faire respecter encore plus les lois de l’Exclusif, la France mandate un nouveau gouverneur pour la Martinique, Antoine d’Arcy La Varenne et un nouvel intendant, Louis Bathalzar de Ricouart. C’en est trop pour les colons qui organisent un Gaoulé, le 17 mai 1717, sur l’Habitation Bourgeot (l’actuelle « O’Mullane »), au Diamant. Le groupe de révoltés les fait prisonniers. Des pourparlers s’engagent entre le pouvoir colonial et les planteurs martiniquais et le 24 mai, l’Assemblée coloniale leur donne gain de cause et La Varenne et Ricouart sont expédiés en France, sans congés !
Par Melody Moutamalle de Limièkilti
Source photo https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3338846c.texteImage