Buzzistwa #25 Le marronnage : outil de résistance des esclaves

Les Marrons apparaissent assez tôt dans l’histoire de la colonisation des Amériques. En effet, des sources rapportent la mise en place, vers 1530, du palenque de Santa Maria de la Antigua en Castille d’Or, dans la région de l’actuel Panama, composé d’esclaves s’étant enfuis des mines aux alentours. C’est dans cette même région que se constitue, autour de 1550, le célèbre camp marron de Nombre de Dios sous l’autorité de Bayano, chef africain d’origine guinéenne. Ce dernier tente de créer un royaume indépendant des autorités espagnoles avec lesquelles il conclut, dans un premier temps, un traité de paix. La suite de l’histoire est encore palpitante…

Cette pratique résistante est donc courante dans les colonies américaines et de manière générale, la géographie de l’Amérique centrale et du nord de l’Amérique du Sud favorise l’installation et la survie des camps d’esclaves fugitifs, qui profitent de milieux montagneux (Martinique, Guadeloupe, Haïti, la République Dominicaine, la Jamaïque, Cuba), de forêts denses (Surinam, Guyane) et de milieux de brousse marécageuse (Brésil). Ces zones difficiles d’accès protègent relativement les communautés des expéditions punitives des autorités européennes.

Mais avant tout, définissons le terme marron qui a formé marronnage. C’est un mot généralisé dans l’aire francophone et qui provient de l’espagnol cimarrón, mot emprunté aux premiers habitants amérindiens d’Haïti, et qui sert à désigner un animal sauvage, ou plus précisément un animal domestique redevenu sauvage. Il aurait donné lieu au terme anglais maroon, utilisé en Jamaïque où l’on utilise aussi le terme runaway (fugitif), équivalent de l’expression étasunienne fugitive slave. Ce terme renvoie plus précisément à l’évasion elle-même, tandis que maroons (au pluriel) se réfère davantage à la dimension de société parallèle qui se constitue dans les marges de l’espace colonisé. D’ailleurs, les Antillo-guyanais et Haïtiens ont adopté le terme nèg mawon traduit du français « Nègre marron » qui désigne un esclave résistant à ce lourd et sanglant système d’asservissement est considéré comme un grand héros.

Véritable moyen de résistance créé par les esclaves, il existe deux sortes de marronnage :

  • Le grand marronnage : désignait la fuite définitive avec la vie servile, fuite accompagnée généralement de révoltes sanglantes. Les esclaves partaient en milieu hostile et reconstruisaient une communauté basée sur les réminiscences des cultures africaines.
  • Le petit marronnage : était une évasion temporaire n’excédant pas un mois. Ce type de marronnage crée une communauté nouvelle, la société dite « créole », en prenant le masque du bon fonctionnement de la colonie.

Par Melody Moutamalle de Limièkilti

Source de l’image :http://blog.manioc.org/2016/06/le-marronnage-en-guyane.html