A cinq heures trois quart du matin, dans un climat calme et assez brumeux, un rugissement vague et lointain se fit attendre…
Puis, aussitôt, la terre martiniquaise s’ébranle dans une série d’oscillations qui, entrecoupées de courtes périodes de repos, durent pendant 25 à 30 secondes. La population locale est brusquement arrachée à son sommeil, fuit au milieu d’une pluie de pierres et de décombres.
La ville devient rapidement un champ de ruines. Les témoins de l’époque en parlent : « les rues, les cours, les jardins ont disparu sous l’affaissement simultané des constructions. Des 800 maisons que compte la ville, 400 jonchent le sol, 200 sont partiellement écroulées, et ce qui reste debout menace incessamment de nouveaux malheurs : 50 à 60 à peine peuvent être habitées sans danger. Mais aucune n’a été épargnée, les maisons en maçonnerie s’étant écrasées sur leurs voisines en bois. Quant aux établissements publics, l’hôtel du Gouvernement, celui de Bellevue, l’hôpital, l’église, le Conseil colonial, la Cour royale, la caserne de gendarmerie, celle de l’artillerie, le magasin général, les deux prisons, tous ont partagé le sort commun. ». (Séisme du 11 janvier 1839 à la Martinique, Note du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie).
Le bilan est lourd pour le chef-lieu de l’île : de 300 à plusieurs milliers de morts, environ 4 000. Ces différences peuvent s’expliquer d’une part, par le fait qu’à l’époque les esclaves – considérés comme des biens meubles – n’étaient pas pris en compte dans le bilan humain et d’autre part que, les autorités coloniales n’auraient pas voulu comptabiliser les esclaves dont la valeur marchande aurait susciter des demandes de dédommagement de la part des propriétaires, étant des biens mobiliers.
Le reste de la Martinique subit aussi les effets de ce séisme de magnitude comprise entre 7,0 et 7,5(échelle de Richter). En effet, à Case-Pilote, on compte plusieurs blessés. Au Robert et au François, des bâtiments ont subi de graves dommages. Rivière-Salée a été rudement également secouée, tout comme Trinité où quelques maisons ont été renversées. Le Marigot, Le Lamentin, Sainte-Marie et La Grande-Anse (l’actuel Lorrain) figurent parmi les lieux les plus éprouvés. L’arc caribéen n’a pas été épargné par cette catastrophe dont les intensités variables ont été ressenties à Sainte-Lucie, la Dominique et la Guadeloupe.
La cause de cette catastrophe majeure ? Dans la région des Petites Antilles, le mouvement de convergence du plancher océanique Atlantique avec la plaque Caraïbe correspond à une zone de subduction, qui est le siège de séismes pouvant être importants à cause des tensions emmagasinées lors du phénomène de la tectonique des plaques.
Par Melody Moutamalle de Limièkilti
Sources de l’image : http://www.planseisme.fr/IMG/pdf/11021-1_seisme_martinique_1839_27-06-2013_def_web.pdf .