Buzzistwa #12 Le meuble « antillais » : patrimoine martiniquais ?

Au début de la colonisation des Antilles françaises, le mobilier des grandes familles de planteurs était assez simple et utilitaire. En effet, les intérieurs de maisons des colons aux Antilles françaises, au XVIIe siècle et au début du XVIIIe, ne se composaient que « d’un lit, une table, un coffre et deux bancs […]. Le lit était souvent un hamac sans oreiller ni couverture ». (CONNORS, Michael, Maisons des Antilles, un art de vivre d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Flammarion, 2006, p.61).

Ce mobilier était dépourvu de décorations. Il était, en effet, produit par des charpentiers et des menuisiers de marine ou d’intérieur, dont la présence est attestée par des documents archivistiques. Il n’existait pas, semble-t-il, d’ébénistes ayant pu vivre ou simplement exercer dans les colonies françaises, avant le premier quart du XVIIIe siècle, information confirmée dans ces mêmes archives. Ces ouvriers du bois, dont on retrouve la description dans les ouvrages du Père Labat, étaient des « engagés », c’est-à-dire des hommes de toute provenance qui avait voulu fuir à cause de leur pauvreté.

Au fil des siècles, celui-ci est devenu, en quelque sorte, un moyen d’exposer leur richesse et leur statut social. En effet, cette évolution se remarque à travers l’apparition de l’ébénisterie en Martinique. Les meubles sont de plus en plus en plus raffinés et un style mobilier antillais naît progressivement.

Effectivement, voyant la demande de plus en plus forte, le Roi Louis XIV accorde aux artisans qui voudraient passer aux îles, des privilèges inouïs, notamment, le droit à leur retour d’exercer leur métier dans toutes les villes du royaume sans avoir à passer par les terribles barrages corporatifs. C’est sans doute ainsi que l’ébénisterie est apparue progressivement en France, puis, aux Antilles françaises.

C’est ainsi– et selon certains spécialistes comme Françoise Darmezin de Garlande et Joseph Poupon – que nous ne pouvions pas parler d’un style « créole » mais bien d’un style antillais avec des meubles typiquement antillais comme l’illustre, la console martiniquaise que nous trouvions dans toutes les pièces de la maison bourgeoise.

Par Melody Moutamalle de Limièkilti

Source de l’image : Crédits photo Mélody Moutamalle, Guéridon à dessus de marbre, XIXe siècle, Habitation Crassou au Marigot, Martinique.